Moins sujet qu'auparavant aux fluctuations climatiques et valorisant des écosystèmes steppiques ou forestiers fragilisés, l'élevage ovin en Tunisie, essentiellement pourvoyeur de viandes rouges, est aujourd'hui confronté aux changements des contextes physique et foncier et de l'environnement socio-économique. Dans les grandes zones moutonnières du centre et du sud du pays, les systèmes de production, jadis très liés à l'espace pastoral et aux communautés pastorales, se réorganisant à l'intérieur d'un environnement agraire en pleine mutation. Les systèmes actuels se caractérisent par une nette évolution vers une plus forte concentration d'ovins dans les petites exploitations, détenus par une majorité de petits éleveurs. C'est le résultat de l'atomisation progressive des anciennes communautés pastorales et avec elle la dégénérescence d'un savoir faire en matière de gestion des ressources génétiques, de l'usage d'une pharmacopée traditionnelle et de la conduite des troupeaux d'une manière générale. Face au nouvel équilibre qui s'établit entre la composante animale et l'environnement agricole dans le sens le plus large, l'espace pastoral de plus en plus restreint et peu productif contribue de moins en moins aux apports fourragers du cheptel (-39 pour-cent pour la période 1974-1990) contre une utilisation plus importante des fourrages produits dans le nord et surtout une plus grande incorporation de céréales secondaires dans les rations. Cette dernière tendance représente d'ailleurs le fait le plus marquant de la péri-urbanisation grandissante de l'élevage ovin. Très longuement laissé à lui-même ou bénéficiant d'interventions ponctuelles et isolées des pouvoirs publics, la promotion du secteur de l'élevage des ovins, au regard d'une croissance continue de la consommation, pourrait être soutenue par la responsabilisation des éleveurs à l'intérieur de groupements coopératifs. Ces derniers représenteraient un concept moderne et évolué des anciennes communautés pastorales