Cette étude ne présente pas les caractéristiques de la crise de l'agriculture marocaine qui sont largement connues. Elle veut engager le débat sur l'explication de cette crise dans de nouvelles directions, à partir d'un éclairage théorique qui s'éloigne des sentiers battus et des thèses dominantes. Cette approche concerne trois aspects fondamentaux : - 1) la nature des changements par rapport au modèle de développement colonial. L'auteur fait ici ressortir - à la place de la thèse dominante sur la continuité - les mutations internes au niveau de la production agricole, des objectifs de la politique agricole désormais tournée résolument vers la modernisation de l'agriculture et enfin de la nature de l'Etat et d'une nouvelle structuration sociale. - 2) La signification de la politique 'barragiste'. Après le choix prioritaire accordé à l'agriculture de la politique de développement économique, il fallait résoudre l'obstacle que constituait la répartition de la propriété et les formes différentes sur le plan juridique d'appropriation de la terre. C'est cette fonction qui est confiée aux barrages. - 3) la 'lenteur' du développement du capitalisme en agriculture. Après avoir mis en regard les thèses des marxistes et non marxistes sur le capitalisme agraire, l'auteur tente de rattacher cette lenteur à une nécessité permanente qu'aurait par ce biais la bourgeoisie d'éviter la formation d'une alliance entre classe ouvrière et paysannerie.