Le monde méditerranéen, zone biogéographique parmi les mieux typées du globe et carrefour de civilisations, constitue un laboratoire d'une exceptionnelle richesse pour l'analyse des relations des sociétés à leurs espaces. La référence à la notion de système agro-territorial permet d'intégrer l'analyse des unités de production à la dynamique des relations entre agriculteurs et Etats, en faisant ressortir la permanence et le renouvellement des corps intermédiaires et des communautés rurales. Il existe une incontestable identité méditerranéenne, soulignée par un label paysager et la spécificité de certaines productions : agrumes, maraîchages, vigne..., à portée du grand marché de l'Europe du Nord-Ouest. Cependant, la coupure maritime continue à tenir, entre ses deux rives, le rôle de fossé culturel, de fracture économique et politique (entre CEE et 'pays tiers'), d'éléments de la grande ligne de front planétaire entre Nord et Sud, opposant ici les espaces à friche volontariste à ceux de la désertification subie. Les temps sont venus de replacer ces problèmes de gestion écologique et d'équilibres géopolitiques au sein d'une véritable science des territoires, au service d'une volonté politique de maîtriser cette 'nouvelle frontière' qu'est le Bassin Méditerranéen.