Au Maghreb central (Algérie, Maroc, Tunisie), la superficie des parcours a fortement régressé au niveau des trois pays, la dégradation et la désertisation sont de plus en plus intenses. Les causes sont multiples : la charge animale, la subvention de certains aliments, la mise en culture, l'accès à la propriété foncière ... La sédentarisation et le délaissement progressif des méthodes anciennes (azzaba, achaba ...) d'utilisation des parcours et de complémentarité entre régions agroécologiques ont des effets néfastes sur la gestion et l'utilisation des ressources naturelles. Pour les effectifs du cheptel, le nombre des ovins et des bovins n'ont fait que croître alors que les effectifs des caprins et des camelins ont nettement régressé. Au niveau des races bovines, les races à haut potentiel génétique, grâce aux éléments d'incitations, sont de plus en plus nombreuses. Les races locales rustiques sont de plus en plus marginalisées ; l'érosion génétique est importante. Devant l'évolution des superficies des parcours et des cultures fourragères d'une part, et des effectifs du cheptel (régression des races rustiques : caprin, camelin et bovin local), d'autre part, on peut se demander si le Maghreb se dirige vraiment vers un développement durable ? En réduisant sa diversité (au sens large : écologique, agronomique, génétique? alimentaire, culturelle ...) et en uniformisant ses systèmes de production et ses habitudes alimentaires, n'est-il pas en train de perdre progressivement ses spécificités et par là-même de perdre ses capacités compétitives au niveau régional et international ?