Les sols calcaires sont caractérisés par des teneurs élevées en ions calcium et bicarbonate ainsi que par des pH de la solution du sol élevés. On considère que ces facteurs abiotiques favorisent une nitrification importante et une forte immobilisation du P soluble sous forme de minéraux calciques. Des travaux ont mis en évidence que l'addition de CaCO3 diminuait dramatiquement l'utilisation de l'azote minéral, et celle du nitrate en particulier, par le Pin noir d'Autriche non mycorhizé. Par contre, la croissance et le métabolisme azoté de cette essence, qui était considérée comme tolérante aux sols calcaires, sont parfaitement rétablis par la mycorhization du système racinaire. Bien que l'espèce fongique n'ait pas été identifiée, les résultats obtenus montrent que l'adaptation au sol calcaire du Pin noir d'Autriche est due à l'ectomycorhization, via l'amélioration de sa nutrition azotée. Les champignons ectomycorhiziens sont aussi capables de solubiliser des minéraux P calciques insolubles lorsqu'ils sont cultivés in vitro sur milieu nitrique. Cette capacité de solubilisation est vraisemblablement due à la biosynthèse et à l'excrétion d'acide oxalique par les espèces fongiques considérées. La mobilisation du P contenu dans un minéral P calcique insoluble, l'hydroxylapatite, a pu être suivie in vitro, chez un basidiomycète ectomycorhizien, Rhizopogon roseolus, isolé en milieu méditerranéen. Ces données suggèrent que cette espèce fongique devrait aider sa plante-hôte à utiliser le P minéral insoluble, bien que cette hypothèse reste encore à démontrer.