Fait partie de [OMA104]

2013 - 232 p.

Histoire de l’introduction et de la diffusion de l’oléiculture au Maroc

Moukhli A., Haouane H., El Modafar C., Khadari B.

Au Maroc, une seule variété d’olivier domine dans l’ensemble des régions du pays, représentant plus de 90% des oliviers cultivés. Cette situation unique nous pousse à nous interroger sur l’effet des facteurs historiques, politiques, économiques et techniques, qui sont à l’origine de la propagation sélective dans la majorité des régions du pays d’une seule variété « la Picholine marocaine ». Pour contribuer à répondre à cette question, nous proposons une reconstitution de l’oléiculture marocaine dans le temps et dans l’espace basée sur plusieurs indices, et recoupage de données disponibles dans les recueils de sources inédites de l’histoire du Maroc, les témoignages de nombreuses relations de géographes arabes, de voyageurs européens et des cartes anciennes. L’introduction de l’olivier au Maroc est discutée selon deux postulats, le premier stipule une introduction par la voie des oasis à partir de l’Est de la Méditerranée via l’Egypte. Tandis que le deuxième postulat stipule que l’olivier a été introduit par voie de mer à partir de l’Est de la Méditerranée ou de la Bétique voisine. Sa première diffusion a été attestée dans la région Tingitane du premier au troisième siècle autour de Volubilis, Lixus et Tinjis. Une restitution de la diffusion de l’olivier dans la région de Fès, Marrakech et Tlemcen à partir des textes arabes du XIe au XVIIe siècle est proposée. Son extension dans les oasis du Souss, et Tafilalt parait être tardive au XVIIe siècle, pendant le règne des Alaouites qui semblent l’avoir favorisée suite à la décadence que connaissait la culture de la canne à sucre en cette période. Contrairement à la Tunisie, la diffusion de l’olivier au Maroc est tardive, et son extension a été très lente. Cette diffusion est discutée en la replaçant dans un contexte général de disponibilité de l’huile d’argan et de concurrence de l’huile d’olive avec les huiles de graine. Les rythmes des plantations annuelles montrent que la diffusion intensive de l’olivier est très récente (XXe siècle). Elle est synchrone avec la période du Protectorat et de l’Indépendance du Maroc. Elle coïncide avec le développement des techniques de propagation en pépinière, la création de nouveaux périmètres irrigués et la mécanisation des huileries. Elle est le résultat d’une politique oléicole d’abord pendant le Protectorat et depuis l’Indépendance dans le cadre du Code des Investissements Agricoles de 1967 qui institue l’opération d’amélioration de la production oléicole (APO), réaménagée par la suite pour encourager la création de vergers d’oliviers par la fourniture gratuite de plants aux agriculteurs après le discours royal du vendredi 3 octobre1986. Depuis 1998, les rythmes de plantations ont été accélérés, un Plan National Oléicole (PNO) a été mis en oeuvre en vue d’atteindre un million d’ha d’oliviers à l’horizon 2010.

In Morocco, only one variety of olive-tree dominates in all the areas of the country, representing more than 90% of the cultivated olive-trees. This single situation pushes custom to wonder about the effect of historical, political, economic and technical factors, which are responsible of the selective propagation in all the areas of the country of only one variety ' Picholine Marocaine '. To contribute to answer this question, we propose a reconstitution of olive diffusion in Morocco in time and space based on several indices, and resection of dated available in the collections of new sources of the history of Morocco, testimony’s of many relations of Arab geographers, Europeans travellers and old charts. The first introduction of the cultivated olive-tree in Morocco is discussed according to two postulates: the first stipulates its introduction by the oases starting from the East of the Mediterranean via Egypt. While the second postulate stipulates that the cultivated olive’s tree was introduced by sea starting from the east of the Mediterranean Sea or from the Betique (Spain). Its first diffusion was attested in the Tingitane (Morocco) area from the first to the third century around Volubilis, Lixus and Tinjis. The restitution of the diffusion of the olive-tree in the area of Fes, Marrakech and Tlemcen is proposed starting from Arab’s texts of XIth to the XVIIth century. Its extension in the oases of Souss and Tafilalt appears to be late at the XVIIth century, during the Alaoui’s reign, which seems to have supported it following the decline of the sugar cane trade. Contrary to Tunisia, diffusion of the olive-tree in Morocco was later, and its extension was very slow. This diffusion is discussed regarding to the context of availability of the argan oil and the competition of the olive oil with other seed oils. The rates of the annual plantations show that the intensive diffusion of the olive-tree is very recent (XXth century). It is synchronous with the period of the protectorate and of the independence. It coincides with the development of the technical propagation in nursery, the creation of new irrigated perimeters and the mechanization of the oil mills. It is the result of olive-growing policy initially during protectorate and since independence within the framework of the Agricultural Code of the Investments of 1967. Then operation APO was refitted to support the creation of orchard by the free supply of olive seedlings to the farmers after the King speech on Friday 3th october1986. Since 1998, the rates of plantations were accelerated; one Olive-growing National Plane (PNO) was implemented in order to reach one million Ha of olive-tree by 2010.

Mots-clés    

ARGANIA, HISTOIRE, HUILE D'OLIVE, MAROC, OLEA EUROPAEA, OLIVE, VARIETE INTRODUITE

Citer cet article    

Moukhli A., Haouane H., El Modafar C., Khadari B. Histoire de l’introduction et de la diffusion de l’oléiculture au Maroc. In : Ilbert H. (ed.), Tekelioglu Y. (ed.), Çagatay S. (ed.), Tozanli S. (ed.). Indications Géographiques, dynamiques socio-économiques et patrimoine bio-culturel en Turquie et dans les pays méditerranéens. Montpellier : CIHEAM, 2013. p. 169-196. (Options Méditerranéennes : Série A. Séminaires Méditerranéens; n. 104). 2. Séminaire International d'Antalya, 2010/12/16-19, Antalya (Turquie). http://om.ciheam.org/om/pdf/a104/00006850.pdf