Fait partie de [OMB72]

2015 - 368 p.

Aux arbres citoyens ! Le mouvement d’agriculture urbaine, une forme participative d’appropriation de l’espace public

Anthopoulou T., Nikolaïdou S., Kolokouris O.

En Grèce, l’agriculture urbaine (AU), sous forme de jardins potagers à titre privé ou collectif, est un phénomène tout à fait récent lié à la crise économique qui touche particulièrement les ménages urbains. Dans cet article nous explorons, au travers des cas d’étude, la dynamique de l'agriculture urbaine en mettant l’accent sur le cas des jardins potagers municipaux, sans négliger l’importance des initiatives découlant de la société civile. L’analyse révèle l’émergence de nouveaux rapports entre les processus d'appropriation et les modalités de gouvernance issus de l'action publique, de la société civile et les aspirations collectives. Bien qu’elle occupe une place marginale dans la planification, l’agriculture urbaine prend un nouveau sens dans l’action publique de certaines municipalités urbaines en Grèce dans le but d’apaiser les ménages en difficulté et les groupes sociaux fragiles par l’approvisionnement en produits frais de qualité. Néanmoins, l'un de plus grands défis en ce moment consiste à assurer la viabilité et la pérennité de ces initiatives. A première vue, la tendance actuelle des initiatives d'agriculture urbaine en Grèce peut être considérée comme un phénomène « temporaire » notamment lié à la dépression économique et à celle du secteur immobilier, la néo-pauvreté croissante et les risques sociaux implicites, en particulier dans les centres urbains. On observe la faible capacité des initiatives existantes à créer de nouvelles structures ou des propositions spécifiques en matière d’aménagement et d’intégration de l’agriculture aux projets urbains. Malgré les bonnes intentions des initiateurs, l’absence d’engagement politique à long terme et le manque d’une approche territoriale globale compromet l’agriculture dans toutes ses dimensions multifonctionnelles : sociales, environnementales, économiques, écologiques, de santé et éducatifs.

In Greece, urban agriculture in the form of private or collective vegetable gardens is a very recent phenomenon and is mainly linked to the economic crisis, which particularly affects urban households. This article investigates the dynamics of urban agriculture in Greece through case studies of municipal and collective garden initiatives, focusing on the case of municipal allotments. The analysis reveals the emergence of new forms of land appropriation and management as well as new modes of social organization and governance driven by public action, by actions by civil society and by collective aspirations. Although urban agriculture is a marginal issue in Greece in terms of planning at any institutional level, it is gaining popularity in terms of public action at the local level. The initiatives are supported by local administrations to appease both households in difficulty and vulnerable social groups by encouraging residents to grow their own vegetables. However, ensuring the sustainability of such initiatives is a major challenge for urban agriculture in Greece, which can be considered as a 'temporary' phenomenon that helps alleviate urban poverty and ensures urban food security but only in the short term. Despite the promising intentions of local actors, the lack of a long term political commitment and of a comprehensive territorial approach undermines urban agriculture in its economic, social, ecological, environmental, health, and educational dimensions.

Mots-clés    

AGRICULTURE URBAINE, CRISE, GESTION FONCIERE, GOUVERNANCE, GRECE, JARDIN, PARTICIPATION DES CITOYENS, SOCIETE CIVILE

Citer cet article    

Anthopoulou T., Nikolaïdou S., Kolokouris O. Aux arbres citoyens ! Le mouvement d’agriculture urbaine, une forme participative d’appropriation de l’espace public. In : Vianey G. (ed.), Requier-Desjardins M. (ed.), Paoli J.C. (ed.). Accaparement, action publique, stratégies individuelles et ressources naturelles : regards croisés sur la course aux terres et à l’eau en contextes méditerranéens. Montpellier : CIHEAM, 2015. p. 339-349. (Options Méditerranéennes : Série B. Etudes et Recherches; n. 72). http://om.ciheam.org/om/pdf/b72/00007151.pdf