Fait partie de [OMA93]

2010 - 224 p.

Patrimonialisation de la transhumance à l'Oukaïmeden !

Mahdi M.

Les tribus montagnardes du Haut Atlas pratiquent un pastoralisme héritier d'une longue tradition. L'exemple du pastoralisme transhumant de l'Oukaïmeden traite des éleveurs de deux tribus Rheraya et Ourika, usagères d'un alpage de haute altitude appelé Agdal, installé sur une terre de statut collectif, dont l'usage est soumis à des règles coutumières locales fondées sur une mise en défens printanière. Cette pratique permet non seulement de protéger la pousse de printemps et d'exprimer le potentiel du pâturage, mais aussi de renforcer la biodiversité. L'agdal est une oeuvre conjuguée de l'homme et de la nature, réceptacle d'une culture matérielle et immatérielle que l'on découvre sur les sites archéologiques de gravures rupestres d'une richesse inestimable, et qui s'exprime aussi au travers d'activités festives faites de danses et de célébrations de rituels, dédiées au saint protecteur de l'Agdal et aux esprits des lieux. Ces systèmes sont pourtant menacés : extension des mises en culture au détriment des parcours, relâchement de la discipline collective, pratiques rituelles combattues au nom d'une orthodoxie musulmane qui n'y voit que la manifestation de pratiques païennes. Le pastoralisme, ancré dans la modernité, doit donc s'adapter pour survivre, mais il est concurrencé par d'autres activités, plus prestigieuses et plus rémunératrices : l'arboriculture fruitière, le tourisme d'accueil, le travail hors de la zone.

The mountain tribes in the High Atlas practice pastoralism with a long tradition. The example of transhumant pastoralism in the Oukaïmeden involves livestock farmers of the Rheraya and Ourika tribes that use highland pastures called agdal on common land whose use is subject to local common law based on no grazing in the spring. This not only protects spring growth and improves grazing potential but also enhances biodiversity. Agdal is the combined work of man and nature and the focus of material and immaterial culture found at archaeological sites with magnificent images carved in rock. It is also expressed through festive activities with dance and ritual dedicated to the patron saint of agdal and the spirits of place. But these systems are threatened by the extension of cropping land at the expense of pasture, the weakening of collective discipline and ritual practices fought by Muslim orthodoxy that sees only pagan practices. Pastoralism is anchored in modernity and must therefore change in order to survive, but it is in competition with other activities with more prestige and that are more profitable: tourism, orchard crops and work outside the area.

Mots-clés    

MAROC, MODERNISATION, PASTORALISME, PATRIMOINE CULTUREL, PATRIMOINE NATUREL, SOCIETE PASTORALE, TRANSHUMANCE

Citer cet article    

Mahdi M. Patrimonialisation de la transhumance à l'Oukaïmeden !. In : Lerin F. (ed.). Pastoralisme méditerranéen : patrimoine culturel et paysager et développement durable. Montpellier : CIHEAM / AVECC / UNESCO, 2010. p. 73-83. (Options Méditerranéennes : Série A. Séminaires Méditerranéens; n. 93). 2. Réunion Thématique d'Experts sur le Pastoralisme Méditerranéen, 2009/11/12-14, Tirana (Albanie). http://om.ciheam.org/om/pdf/a93/00801268.pdf